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Entretien avec Julien Monty

Première invitation du festival Aire de jeu au Collectif Loge 22, celui-ci n'est pourtant pas inconnu du public de ce laboratoire de création artistique. Il a présenté son travail précédemment dans le cadre du festival Spider, dont il était l'un des initiateurs. Composé d'une danseuse, Marie Goudot et de deux danseurs, Michaël Pomero et Julien Monty, Loge 22 n'a pas de collectif que le nom, il en utilise les principes démocratiques et tout se décide en commun. Sauf quand il s'agit d'écrire ou de parler et là, c'est Julien Monty le porte-voix. Explications.

"RUMEUR" @ Romain Etienne

 

Danser Canal Historique : La pièce que vous présentez aux subsistances s'appelle RUMEUR. Vous êtes en plein dans l'actualité, c'est un choix ?
Julien Monty : Une prémonition plutôt. Quand nous avons commencé, en octobre, à travailler avec Marie et Michaël, on n'arrivait pas à s'y mettre. Chacun de nous lit les journaux chaque matin, et quand on arrivait dans le studio, on passait deux heures à parler de l'actualité, de la politique, de ce qui se passait. Nous étions déjà dans la stupeur, une angoisse diffuse qui ne dit pas son nom. Nous nous sommes demandés alors, que fait-on face à toute cette violence, cette austérité, ce manque de solidarité d'être ensemble, cette déliquescence des rapports due à l'accélération des choses, à ce miroir permanent, l'expression de son quant à soi? Partant de ce constat accablant nous avons décidé de nous encorder et nous boucher les yeux. D'aller à contre courant et se faire entièrement confiance, tester les interdépendances entre nous.

 

"RUMEUR" @ Romain Etienne

DCH : C'est-à-dire ?
Julien Monty : Expérimenter le poids, le contre-poids, le déséquilibre, aller à la recherche de sensations avec les yeux bandés et enchaînés par des sangles (de yoga). D'autant que ça rejoignait le travail de la création précédente, une recherche sur l' « objectivisation » du mouvement. Via des objets, on génère des gestes, des signes, des attitudes, des postures et quand on retire les objets, il reste des lacunes. Ainsi la corde est l'objet générateur d'écriture et nous a permis de créer une phrase d'environ 12 minutes, une phrase qu'on va décliner, en tentant de trouver un lien entre ce travail d'« objectivisation » et la musique épique, lyrique par moments, de Kalevi Aho. Se placer en contrepoint, en friction avec la musique, en désaccord ou au contraire aller dedans, utiliser ce lyrisme.

 

"RUMEUR" @ Romain Etienne

 

DCH : Parlons justement de votre rapport à la musique, parce que vous êtes tous interprètes dans la compagnie de Anne Teresa De Keersmaeker et que chacun sait les liens singuliers que la chorégraphe flamande tisse avec la musique...
Julien Monty :  Oui, la difficulté était justement qu'on ne voulait pas utiliser les outils d'Anne Teresa, même s'ils sont inscrits dans nos corps. On a essayé de faire corps avec la musique, on s'est pris pour les instruments manquants. Donner une matérialisation de la musique avec nos corps, en friction ou en chœur. Il ne s'agissait pas d'analyser la partition, plutôt d'avoir une approche émotionnelle. D'utiliser le côté atmosphérique, scandinave de cette musique, l'ambiance bergmanienne. Les humeurs qui se dégagent. Jouer avec ces climats.

"RUMEUR" @ Romain Etienne

DCH : Pourquoi ce titre, RUMEUR, et pourquoi en majuscules ?
Julien Monty :  Le jeu sur la signification nous plaît, à la fois la rumeur, cette vague qui vient de loin, qui s'approche et qui dit des choses fausses... et vraies, et aussi le son, la rumeur de la rue. On s'amuse de l'ambiguïté. Concernant le choix des majuscules, on préférait graphiquement, on aime l'esthétique du mot en capitales.

Propos recueillis par Gallia Valette-Pilenko

27 et 28 janvier à 19h30, 29 à 21h, 30 à 21h45, 31 à 17h. Subsistances. Aire de Jeu

 

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