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Don Quichotte par le Ballet de l'Opéra de Vienne

Programmer  Don Quichotte  à Paris, qui plus est lorsque l'Opéra de Paris ne cesse de reprendre cette version de Rudolf Noureev pouvait sembler une gageure ou une facilité commerciale. Ce serait oublier que le Ballet de l'Opéra de Vienne, invité des Etés de la Danse 2013, entretient une relation très particulière avec cette version, puisque c'est pour lui que Rudolf Noureev re-créa  pour la première fois ce ballet de Petipa , le 1er décembre 1966. Noureev y montrait tout son humour, sa passion pour le théâtre, et son appétit pour une danse hyper virtuose et truffée de difficultés techniques qu'il domptait alors, à merveille.  Pour surmonter ces dernières, il faut  une compagnie top niveau, et c'est le cas de Vienne aujourd'hui.

 

En reprenant cette compagnie en 2010, Manuel Legris n'a pas oublié qu'il  a grandi aux rythmes des cadences infernales de Noureev quand il était directeur du ballet de l'Opéra de Paris. Aujourd'hui patron du ballet de Vienne, il est fort bien placé pour transmettre à ses danseurs tout ce qu'il a appris auprès de la star russe. Que la grande majorité des danseurs de la compagnie viennoise soient russes ou slaves , formés  pour certains à Moscou ou à Saint-Pétersbourg, l'y aide aussi beaucoup. Ces conjonctions favorables font de ce Don Quichotte viennois une réussite presque complète.

La réussite tenait , ce soir-là, dans la très belle qualité artistique du corps de ballet. Don Quichotte réclame de tous ses interprètes, de la foule sur la place du village aux solistes, un vrai sens théâtral, une capacité à jouer voir sur-jouer la joie de vivre chez les paysans, le ridicule chez Gamache, la naïveté comique pour Sancho Pança, le romantisme éthéré de Don Quichotte et c'est ce que l'on a vu. Mais plus encore, la troupe de Vienne possède un superbe  niveau technique, qui n'a rien à envier à l'Opéra de Paris. Sans doute parce qu'elle a aussi tout à prouver, elle a montré, à Paris, une joie de danser, une précision des ensembles  et une vraie qualité de styles, depuis la jota du premier acte au fandango (superbe) du troisième acte, en passant par la danse des gitans au second tableau, sans oublier le tableau des dryades. On y a repéré quelques solistes superbes comme  Roman Lazik (Espada) Davide Dato (le chef des gitans) , Natascha Mair (petite Cupidon dans la droite ligne d'Elizabeth Maurin) , Nina Tonoli (première demoiselle d'honneur dans le grand pas de deux) et surtout la sublime Olga Esina, blonde reine des Dryades aux développés à la Guillem.

Noureev soulignait toujours l'importance du corps de Ballet, qui était aussi, « le corps du ballet ».  C'est évident dans son Don Quichotte, et ce soir-là, c'était lui, la vraie vedette.

*vidéo supprimée*

Histoire de s'aventurer à la découverte de nouvelles pousses, nous avions délaissé les deux super-stars de la compagnie, Maria Yakovleva et Denys Cherevychko qui ont fait leurs preuves, au profit du russe Robert Gabdullin et de la japonaise Kioka Hashimoto. Mauvaise pioche. Nous avions repéré le premier lorsqu'il était soliste du Ballet de Perm. Passé par la Pologne puis arrivé à Vienne, il n'a pas confirmé , ce soir-là,  tous nos espoirs. Il était bien à la peine pour assurer le rôle de Basilio jusqu'au bout, ne pouvant donc plus surpasser les exigences techniques du rôle pour  lui donner , au moins, une consistance artistique. Ce n'était pas le cas de sa partenaire,  belle danseuse impeccable techniquement, mais tellement sage...Kioka Hashimoto  a dansé Kitri comme elle serait Aurore, jolie princesse, mais jamais fille de barbier malicieuse et roulant des mécaniques comme le réclame Kitri, notamment au premier acte.

Last but not least, on a savouré, ce soir-là, le goût parfait des costumes de Nicholas Georgiadis tels qu'ils fûrent crées pour l'Opéra de Paris en 1981. Diversité des costumes de foule, ravissement des dégradés de rouges et de verts, raffinements des coupes, ce Don Quichotte était, aussi, un plaisir des yeux...

Ariane Dollfus

 

Théâtre du Châtelet Jusqu'au 27 juillet 2013.

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