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Cirque électrique / Sencirk

Le « Tandem Paris-Dakar » est passé par là, mais n’est pas encore tout à fait reparti. Les hip-hopeurs-circassiens dakarois de Sencirk, dans une production commune avec le Cirque Electrique, donnent I’m a man jusqu’au 29 décembre.

Côté danse, cette manifestation organisée par les mairies des deux capitales et l’Institut Français, à fait venir Germanie Acogny pour des masterclass, ateliers et rencontres. Elle a permis à Andreya Ouamba de présenter  Sueur des ombres, très belle pièce sur la violence en Afrique, au Théâtre des Abbesses (voir la critique http://dansercanalhistorique.com/2013/12/23/andreya-ouamba-sort-de-lombre/).  Mais  I’m a man est la seule création de ce « Tandem ».

Dans ce cabaret circassien, qui est donc à moitié dakarois, on trouve du Hip Hop, du rock et du blues, et surtout un esprit d’égalité et de réciprocité parfaite entre l’ici et le là-bas. De chaque côté, quatre garçons en piste, un musicien et de l’énergie  à revendre. La symétrie est parfaite, comme à l’ère du Baroque. I’m a man, c’est une sorte de Louis XIV qui danse sous le Baobab.  Quand le public arrive, ils sont déjà en piste. Mais on ne les voit pas. Tels des clandestins, ils se cachent dans un container noir. Enfermés certes, mais debout! Aussi ils font ériger, tel un périscope, une sorte de Tour Eiffel faite de bassines en plastique. Et sans plus attendre, ils explosent cette coque noire qui les enfermait. Une fois sorti, le rêve peut commencer. Pas seulement l’intérieur de cet œuf carré, désormais visible, éclate de couleurs, mais en plus, ils se retrouvent sur le tapis rouge! Les voilà au milieu du carrefour, au centre de l’attention! Ou bien cette boîte noire, était-ce un paquet cadeau?  Dans leurs bagages, ils amènent la tradition « africaine » du cirque contemporain, basée sur l’acrobatie au sol et les pyramides. Jonglage, vélo et clown affluent du côté européen. Aussi, la scénographie du carrefour, avec ses quatre axes et points cardinaux prend tout son sens. Il s’agit bien de mettre en scène une rencontre entre deux villes, plutôt animées par ailleurs.

Mais une première rencontre, c’est toujours un moment où l’enjeu n’est pas de se métamorphoser. C’est fait pour se présenter. Aussi, ne demandons pas à I’m a man de réinventer le genre. Ils mettent tout simplement des touches de couleur, des accents sonores et des ambiances qui revisitent subtilement des numéros qui ont déjà enchanté leurs grands-parents. Et ce n’est pas plus mal. Autant dire qu’il y a là un bonheur authentique retrouvé. Car leurs grands-parents, quand ils allaient au cirque, y trouvaient un art et de la musique contemporains.  Nous avons donc, au lieu d’un orchestre de cirque, de la chanson africaine, du Human Beat Box, du blues à la guitare hawaïenne, du rock (pas metal tout de même), toujours en subtil décalage avec les numéros qui enflamment le public.

Toujours plus haut, toujours plus chaud… Jusqu’au prochain accident du clown ouvrier garçon de piste qui se rêve en jongleur et qui réussit des maladresses d’une virtuosité hilarante, tant il s’emmêle les pattes dans ses bretelles en tentant de se bomber le torse. Plus ça dure, plus le running gag de la soirée impose son empreinte. Quand le public l’applaudit pour l’encourager, on n’est jamais sûr: s’adressent-t-ils au personnage ou à l’artiste? Autant dire qu’il a véritablement « trouvé son clown », avec toute la distanciation quasiment brechtienne qu’il peut traverser.

Ce rond de cirque est le lieu de tous les possibles et nous sommes autant dans un aéroport, sur un chantier ou dans un château. Imaginons un instant qu’un nouveau Fernand Léger, un graffeur peut-être, venait là pour saisir des images de cirque, il trouverait les mêmes sensations qu’en 1950. Sueur et vibrations. Le circassien tel qu’il a inspiré les peintres est l’antithèse de la ballerine éthérique. Il ne prétend pas à la légèreté, il la conquiert sous nos yeux. La ballerine ne sent pas la sueur. L’acrobate, oui. Il a le droit, c’est un homme. Et  I’m a man décline cette identité masculine, peut-être un peu trop portée aux nues. Où sont les filles et leur droit de cité? On verra, la prochaine fois…

En attendant, I’m a man respire aussi par la break dance. Et si en France les filles y ont trouvé leur place, ça ne saura tarder à Dakar.  Certes, I’m a man est un cirque de genre, mais il n’est pas mauvais genre. Et pour finir, attribuons deux « oreilles » à leur toréador qui prend son vélo par les cornes, tout en faisant hurler les cordes d’une guitare électrique. Le cirque c’est un brin sauvage, et c’est pourquoi on éprouve ce besoin d’y retourner, encore et encore, comme d’autres qui vont à la boxe, à la corrida, aux combats de coq. Vecteur de joie et de catharsis, le cirque est d’intérêt général, à Paris bien plus encore qu’à Dakar.

Thomas Hahn

jusqu'au 29 décembre du jeudi au dimanche à 21h sauf le dimanche à 17h00 – représentation exceptionnelle le mercredi 25 décembre à 17h0

Réservation : 09 54 54 47 24 reservation@cirque-electrique.com

Cirque Électrique - La Dalle - Place du Maquis du Vercors - 75020 Paris

Métro ligne 3bis et 11 arrêt Porte des Lilas
Bus: 48, 61, 96, 105, 115, 129, 170, 249 arrêt Porte des Lilas
Voiture: périphérique sortie Porte des Lilas

2 stations velib à proximité

http://www.cirque-electrique.com/

http://sencirk.jimdo.com/

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