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Akram Khan : iTMOi

Si  iTMOi  (In the mind of Igor) s’inscrit dans les commémorations du centenaire du « Sacre du printemps », Akram Khan est sans doute le seul chorégraphe à évacuer (à 99%) la partition de Stravinsky. Ici, trois compositeurs créent trois univers musicaux, du métal à la tradition celte. Entre violence, folie ou poésie, on découvre une facette nouvelle d’Akram Khan, à comparer seulement avec « Vertical Road » où une communauté spirituelle aspire aux cieux. Ici aussi, tout part d’une quête de lien avec le cosmos et la terre. La Russie imaginaire de Nijinski cède la place à une Angleterre païenne préhistorique, traversée de références élisabéthaines.

Sur cette nouvelle rue verticale, nous descendons donc en direction des ténèbres, dans un univers peuplé de personnages fantasques, monstrueux, oniriques ou burlesques. Tout commence dans les brûmes nocturnes d’un cimetière. Satan se réjouit du sacrifice à venir, dans un solo excité et effrayant, ponctué de rires très noirs (enregistrés). Il fallait y penser: dans « Igor », il y a « gore »!

Une femme à la crinoline impressionnante, toute en blanc (l’impressionnante comédienne Catherine Schaub-Abkarian) rappelle l’univers du butô. La mariée est prête pour la cérémonie, mais laquelle ? Noces ou sacrifice?  Egalement en blanc, une fille  fragile représente l’âme face au corps. Plus tard, elle sera presque étranglée par le cercle qui se resserre, mais à la fin la reine lui passe son voile blanc en dentelle qui fait office de couronne.

 

Et la folie s’empare de certains. Car il y a, bien sûr, les filles, dans la citation chorégraphique la plus évidente, où robes et mouvements rappellent la version de Pina Bausch. A d’autres moments, elles peuvent chercher la transe, poussées par une musique rock violente. On pense alors a à l’univers déjanté d’Erna Omarsdottir. Et puis, l’animalité n’est pas en reste. On croise certains monstres aux accents surréalistes, entre l’esthétique de Marie Chouinard et le trouble ressenti chez Jan Fabre.

 

Dans ce Freak Show où la culture Fantasy rencontre la tradition celte, Khan ne cherche pas le récit linéaire mais une structure chorégraphique répondant aux chocs des changements d’ambiance chez Stravinsky. Y a-t-il malentendu ? Certes, l’alternance entre noise music électronique, rock et folk crée des contrastes forts, mais en 1h05 de spectacle, l’intensité dramatique n’atteint pas celle du Sacre. Par contre, Khan crée ici des images plus fortes que jamais qui peuvent hanter le spectateur pendant longtemps. Mais il va aussi vers une stratégie de séduction visuelle aux accents spectaculaires.

 

 

 

 

Thomas Hahn

En tournée

24-26  juin Théâtre des Champs Elysées
3 juillet Zagreb
12-13 juillet Amsterdam
22-22 juillet Vienne
6-7 septembre Dresden

Direction artistique et chorégraphie>Akram Khan
Compositeurs>Nitin Sawhney, Jocelyn PooketBen Frost
Conception des costumes>Kimie Nakano
Conception lumière>Fabiana Piccioli
Scénographie>Matt Deely
Dramaturgie>Ruth Little
Recherche et documentation>Joel Jenkins
 Assistants chorégraphes>Andrej PetrovietJose Agudo
Réalisation du décor>Sander LoonenetFirma Smits
 Création sonore>Nicolas Faure
Pièce créée avec et interprétée par>
Kristina Alleyne, Sadé Alleyne, Ching-Ying Chien, Téo Fdida, Sung Hoon
Kim, Denis ‘Kooné’ Kuhnert, Hannes Langolf, Yen-Ching Lin, TJ Lowe, Christine Joy Ritter
et Catherine Schaub Abkarian
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