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« Air » de Vincent Dupont

Le travail de Vincent Dupont est infiniment singulier dans le paysage chorégraphique français. Depuis 2001 et Jachères Improvisations, il imagine des spectacles où les dispositifs qui mêlent images et sons, corps et voix bouleversent les perceptions des spectateurs. Cherchant à projeter ces derniers dans une nouvelle projection vis-à-vis du plateau, il joue sur des effets d’échelle qui désorientent. Jachères improvisation mettait en jeu le rapport proximité/éloignement (on voyait les danseurs filmés de loin mais on les entendait de très près grâce à des écouteurs), Hauts cris (miniature) glissait un danseur adulte dans un appartement de poupée…

Air place cette fois les spectateur entre des chanteurs enfermés derrière eux dans une cabine (comme celles utilisées pour la traduction simultanée) et la scène face à eux. Brouillant définitivement la source vocale que l’on entend parfois comme émanant des danseurs (Vincent Dupont et Aline Landreau) parfois sortant de l’arrière des gradins. Cette bande-son créée en live par quatre chanteurs (Anne Garcenot, Valérie Joly, Fabrice Augé-Dedieu et Wahid Lamamra) est une performance vocale complexe, qui joue sur tous les registres de la voix et le mélange de tessitures, qui fait souvent penser à des chants diphoniques tibétains ou des chants de gorge sibériens qui font immanquablement référence à un rite chamanique ancien. Et la transe est effectivement une des composantes de ce spectacle, car à l’origine de Air « il y a, raconte Vincent Dupont, une image persistante. Elle vient d’un film de Jean Rouch Les Tambours d’avant. […] Rouch entre dans un village du Niger avec sa caméra à l’épaule pendant une danse de possession. AU début, cette danse ne marche pas et puis à un moment une femme sort du rang, commence à danser et à crier et on comprend très vite que c’est parti. Ça commence dont à marcher mais c’est la fin de la pellicule, alors il fait un travelling arrière sur cette femme, ce village et il propose d’imaginer la suite. C’est ce que j’ai fait. »

 

Sous les éclairages raffinés d’Yves Godin qui s’accordent à merveille avec la scénographie zen de Vincent Dupont et Sylvain Giraudeau, la pièce prend forme en modulant cet air qui devient composante spatiale tout autant que vocale. La chorégraphie garde une part de mystère qui s’aventure parfois ailleurs, vers la transe ou vers une gestuelle totalement vernaculaire. Soutenu par les chants envoûtants, aux cris rauques ou aux accents intimes, la danse se déploie en douceur, laissant miroiter un monde étrange et inconnu qui finalement nous saisit… même si la transe s’absente.

Agnès Izrine

Théâtre de la Cité Internationale du 3 au 8 février 2014

En tournée

19.02 / 20.02 deSingel – Anvers (be)
28.03 Espaces pluriels, scène conventionnée danse-théâtre – Pau (fr)
12.06 Festival Latitudes Contemporaines / Le Phénix, scène nationale – Valenciennes (fr)

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